Quand je suis né, il y a deux ans, aux pieds du Monolithe de Junon Pervertie, j'ai tout de suite compris - comme n'importe qui d'à peu près sain d'esprit l'aurait fait - que la cape était la clé de la survie.
Depuis, prospecteur acharné, méticuleux et indulgent, je m'évertue à endosser les métiers inférieurs, les pousser jusque dans leurs retranchements pour en comprendre les raisons d'être.
Pour le moment, je n'ai pas de piste sérieuse.
Si j'ai pu trouver, dans un moment de faiblesse passager, quelque matière à fascination dans les reflets d'un bouclier jaspé de poussière et d'érosion, j'en suis vite revenu. A trop contempler les méandres du soleil couchant qui se distord sublimement sur les inégalités métalliques, on en oublie de rentrer. Et dans un dernier élan esthétique, tout de qu'il nous reste à faire est alors de projeter quelques touches de rouge exquises et harmonieusement disposées.
Mais cette délicate poésie, intimement liée à la profession, est inadéquate dans une optique de survie.
Il m'est arrivé aussi de succomber aux charmes du détecteur de planches et de vacuité que les farfouilleurs chérissent et brandissent crânement. Pour une raison difficilement avouable. Ceux qui n'ont jamais décrété que les environs étaient stériles et qu'on pouvait déplacer le campement alors même que tous ses compagnons pensaient être à quelques minutes de faire la découverte de l'année ne peuvent pas comprendre. "Chiper la planche sous la pelle". C'est une joie ineffable et cruelle.
Mais ce bonheur, éphémère et venimeux, est tout aussi inadapté à la survie d'une communauté.
Si ça vous intéresse, je vous ferai part de mes conclusions sur les briffeurs de larves quand j'aurai fait le tour de leur potentiel dérisoire, ce qui ne saurait tarder.
En attendant, j'ai hâte de revenir à mes premières convictions. Et à me sentir enfin chez moi, avec mes frères, mes soeurs, et Tara.
Voilà. Sinon, en vrai, je m'appelle Casimir, je ne mens jamais, je fume et je bois.